dimanche 18 mars 2007

Les Bures

Le 23 Décembre 1998 à 12h :

Je suis partis en expédition à Parey-Saint-Césaire pour vérifier le point culminant dédié au solstice d’hiver. Arrivé à Xeuiller, je sort de la ville et arrive au pied de Parey. Pour les habitants, aucun problème, le soleil est bien à la perpendiculaire de la ville. Mais je m’attendais à découvrir une hauteur similaire à la butte de Mousson. Et avant d’arriver, à Parey, il y a la direction de Thélod. Derrière ce village se trouve effectivement un point culminant mais il n’a pas la forme que je recherche. En sortie de Parey, un paysan m’apprend que derrière Thélod se trouve un volcan, ce qui ne m’interrèsse pas. Parcontre, dans le fond, à droite, le paysan m’indique une butte extraordinaire, exactement ce que je recherche. Il me donne son nom : il s’agit du Mont d’Anon. Immédiatement, dans ma tête, cela fait tilt ! De Anon à amon, il ne manque qu’une boucle du m ! Je part en direction de Goviller. Je prends la première à droite, tout de suite en rentrant dans le village. Cette rue s’appelle la Caborail. J’emprunte le sentier du Mont d’Anon. Arrivé derrière se trouve une ferme. Et en regardant la montagne, le soleil était effectivement exactement à la perpendiculaire. J’avais enfin ma dernière hauteur. Pour apercevoir cet extraordinaire lampadaire céleste, il fallait tourner autour de la montagne ce qui est bien entendu extrêmement symbolique et significatif puisque l’observateur effectue ainsi une circumambulation par obligation. Le spectacle était magnifique. Je suis rentré chez moi dans un était second !

Dans le livre d’Henri Lepage de 1843 des Statistiques de la Meurthe, à Goviller on lit :

“ Une cérémonie locale, assez singulière, s’observe à Goviller depuis un temps immémorial : la veille du jour des Brandons, à la nuit tombante, les habitants du lieu, munis de flambeaux et de torches, font processionnellement le tour du mont d’Anon. Cette coutume, qui se pratique aussi dans quelques autres parties de la France, est empruntée au paganisme. La longueur et la direction de la marche de Goviller la rend plus remarquable que partout ailleurs. ”

Ce texte est tout à fait incroyable. Non seulement, il prouve ma théorie de bornage du territoire Leuque par des buttes mais en plus il donne la date et le moment exact de l’observation du passage d’un astre à son méridien. Cet astre ne peut pas être le soleil au couchant puisqu’on a vu plus haut qu’il s’agit d’un zénith au solstice d’hiver. C’est donc qu’il s’agit peut-être d’une observation lunaire la veille du jour des Brandons : donc un Samedi ! Il va alors avoir des années sans lune et des années d’une grande sacralité ! Maintenant, que se passera-t-il au niveau du climat en fonction de cette observation ?...

Brandon : n. m. (de l’all. brand. torche) Flambeau de paille tortillée. Paille tortillée au bout d’un bâton placé aux extrémités d’un champ pour indiquer que les fruits en sont saisis. Corps enflammé qui s’élève d’un incendie. Fig. Brandon de discorde, personne, chose qui allume la discorde.

Pour retrouver la signification mythologique gauloise, il faut lire le document du chaudron :

Le sacrifice du cerf (de Kernunnos) et le retour d’Esus sur la terre étaient célébrés par des mascarades et des danses, qui se sont d’ailleurs perpétuées jusqu’à nos jours dans les fêtes du carnaval. Kernunnos est devenu, à la fin de l’hiver, l’amant de la déesse-mère qui a quitté Taranis (dieu du ciel) et ses chiens redoutables pour le rejoindre sous la terre.

En fait, ce qu’il se passe par rapport au plateau du Grand Couronné, le soleil arrive au levant, en fin de corne de Kernunos. (Cf. le dossier correspondant sur la mythologie du cerf)

Voyons désormais le tracé réel corrigé du Safran



On remarque que le centre du Safran correspond à la Poste de Velaine. Nous verrons au dossier concernant Solimara, qu’il s’agit en fait des narines du cheval mythologique Pégase ! Mais j’empiète ici sur un autre sujet, disons simplement que ce qui dirige le Safran est le souffle.

A quoi sert le Mont Curel ?

Passons à une partie tout à fait discutable, prenons là simplement comme proposition. Si le soleil au solstice d’hiver à midi, donc au zénith, ne se trouve pas à son méridien correct indiqué par la butte du Mont d’Anon mais au Mont Curel, alors c’est qu’il y aura une correction qui se sera effectuée. De quelle correction s’agit-il ? Essayons de trouver un début de réponse dans l’étymologie du mot curel :

cure famille du lat. cura “ soin ”, “ souci ”, d’où dans la langue administrative, “ direction ”, “ charge ”, dans celle du droit “ curatelle ” et dans celle de la médecine “ traitement ”. Dér. (1) curare “ prendre soin de ”, “ soigner ”, “ nettoyer ”, d’où curator “ celui qui est chargé de quelque chose ”, remplacé en lat. eccl. médiéval par curatus “ chargé de la cura des âmes ” (et non simplement, comme en lat. class., part. passé de curare) ; curabilis “ qui peut être guéri ” et incurabilis ; procurare “ s’occuper de ” (2) incuria “ négligence ” (3) curiosus “ soigneux ”, “ curieux ”, “ indiscret ”, et curiositas, “ désir de connaître ” (4) securus (avec préf. privatif) “ libre de soins ou de soucis, d’où securitas “ tranquillité ” et bas lat. assecurare “ donner la tranquilité.

Il y aura eu un “ traitement ” curatif d’effectué, un nettoyage, une cura des âmes ! A ce propos, notons que l’étyomologie du mot âme est d’une famille indo-européenne. *ane- “ souffle vital ”, représentée en grec par anemos “ le vent ”, en lat. par anima “ souffle vital ” et animus “ principe pensant ”, “ coeur ”. *ane an famille du lat. annus “ année ” pour se référer au Mont d’Anon étymologie qui tenterait à expliquer que l’année est terminée. Rajoutons pour le mot cure il y a en plus du traitement d’une maladie, une notion de durée, généralement longue ! Ce que je traduis par “ Grande Année ”, c’est-à-dire 26000 ans ! Le Mont Curel servirait à annoncer la fin de la Grande Année avec beaucoup d'imagination !

Brandons

1 Dimanche de Carême Quadragésime

- Le dimanche qui suit le 1er mercredi des Cendres.
- Fête spirituelle essentiellement, ce 1er dimanche et les 4 suivants : oraisons de rapprochement de Jésus-Christ, de sa lumière et de son sacrifice.
- Les enfants, en certaines régions de France, confectionnent un “ calendrier de Carême en forme de petite bonne-soeur... aux pieds (que l’on plie) en arrière à la fin de chaque semaine de carême ”.
- Jeûne quotidien partiel (sauf le dimanche).

Signification : ce Quadragésime rappelle symboliquement : “ les quarante heures où Jésus fut dans le tombeau entre le Vendredi saint et le matin de Pâques... ; les quarante jours où Jésus jeûna durant sa tentation au désert. ... (Ce) chiffre quarante (se retrouve souvent) dans la Bible : les quarante jours où Moïse jeûna avant de recevoir les Dix Commandements ; et les quarante jours où le peuple d’Israël marcha dans le désert... ; (ceux où) l’Arche de Noé fut ballotée sur les eaux du déluge... ; (et ceux où) le Christ ressuscité resta avec ses disciples... entre Pâques et l’Ascension... Les Pères de l’Eglise (faisaient de ce chiffre) la période nécessaire pour se purifier, se mettre à l’épreuve et affermir sa foi ”.

Sur le plan des pratiques populaires, il y a une grande variation dans leur application autant que dans leurs dates : celles-ci, épousant les fluctuations de celle de Pâques, font que les “ éléments constitutifs ” (du “ cycle du Carnaval-Carême ”) ne dépendent pas tant des mois solaires que du nombre d’or ou cycle lunaire de neuf ans (Masson 19 et non 9 !!!!) ”,.... (et sont donc) indépendants du culte des saints, qui est essentiellement calendrier solaire ”.

“ Dans certaines... régions, le nom de la fête (a) été emprunté à des mets spéciaux... (En) Franche-Comté et (en)... Suisse romande voisine, le premier dimanche de Carême est dit Dimanche des Piconés ou Piquerés, nom des pois frits ; en Beaujolais, Dimanche des Bugnes... ; (et il) est surtout connu en France sous le nom de Dimanche des Brandons ”.

Les Bures ou Brandons en Lorraine

Fête du retour du printemps, marquée comme la Saint-Jean par un feu de joie. L’allumage en revenait aux jeunes mariés de l’année. On pratiquait alors le “ valentinage ” ou “ dônage ” (en Meuse “ saudage ”), cérémonie burlesque que nous avons décrite, à l’article de la Saint-Valentin.

Plus la fumée des Brandons se rabattait vers la terre, plus sa nappe s’attardait et s’élargissait au dessus des champs, des vergers, des vignes et des chenevières, et meilleur signe c’était pour les finages ainsi enveloppés. Sa montée à la verticale dans le ciel présageait au contraire une mauvaise année.

Jour des rites de fécondités : à Dommartin-les-Remiremont, il était indispensable - disait-on - que les femmes se saoulent si l’on voulait que le chanvre monte haut. L’association entre ivresse et chanvre ne tenait-il pas à l’une des “ vertu ” subsidiaires de cette denrée ? (Bien des femmes prétendaient que “ la tête leur tournait ” au moment de sa récolte.)

Avant ce premier dimanche de Carême, dans la vallée de la Seille, la cérémonie dite des “ Petits Brandons ” réunissait les garçons sur les places. Ils s’équipaient d’une torche en forme de quenouille, constituée d’un bâton garni d’une quenouillée de paille de seigle préalablement trempée dans l’huile. Ils y mettaient le feu et, la tenant à bout de bras comme porteurs de flamme olympique couraient à travers les vergers en chantant le “ bon an ” - qui commençait en mars il y a quelque siècle :

Bon an qui revient
Qui vous apporte du pain
Tous les biens !

Des noisettes pour les fillettes
Des noix pour les garçonnets !
Bon an qui vous revient !

Cette galopade nocturne, dont les anciens surveillaient avec gravité le déroulement, depuis les abords de leur maison, en suivant la danse des flammes, devait préserver mirabelliers, pruniers et pommiers, de la vermine et autres maux, afin qu’à l’heure de la récolte, chaque branche se transforme en un beau “ brandon ” bien lourd de sa charge de fruits

14 Février Saint Valentin en Lorraine

Quand il pleut le jour de la Saint-Valentin
le laboureur récoltera peu de grains.

S’il fait beau à la Saint-Valentin
les mariages seront nombreux dans l’année.

Il fallait que le temps soit beau ce jour-là pour permettre l’organisation d’une fête burlesque de plein air (assez souvent reportée aux Brandons, ou aux Bures, c’est-à-dire au premier dimanche de Carême dans bien des paroisses) : la criée des Valentins, le “ valentinage ” ou le “ dônage ”. Les filles se mettaient d’un côté, les garçons de l’autre, avec les uns et les autres un porte-parole ou un porte-voix et le dialogue public s’engageait par un “ Qui donne ? Je donne la Marie Simon à l’Henri Thomas ”. En “ donnant à Valentin ”, on assignait donc à toute fille en âge de se marier un galant souvent conforme à ses aspirations, un galant que sa timidité avait parfois empêché de faire lui-même le premier pas. Et cela pouvait finir par un mariage.

Malheureusement, le “ valentinage ” tournait pour partie à la farce de mauvais goût, lorsqu’on s’occupait d’appareiller les veuves, les filles évaporées aux veufs, aux célibataires endurcis et autres vieux beaux. Il impliquait une manière peu discrète de consacrer des réputations - de libertinage, ou de vertu -, reçue comme une offense par les intéressés. Bref, le valentinage portait en lui-même le germe de sa disparition, parfois tumultueuse, quand la maréchaussée s’en mêlait et quand la justice avait à statuer pour atteinte à l’honorabilité d’honnêtes laboureurs.

Saigneur du jour de Saint-Valentin
Fait le sang net soir et matin
Et la saignée du jour devant
Garde des fièvres en tout l’an.

Ce quatrain du “ Calendrier des bons Laboureurs pour 1618 ”, introduit mot pour mot dans la tradition orale, aura déterminé bien des Lorrains, jusqu’au milieu du siècle dernier, à se faire “ éclaircir le sang ” le quatorze février.



Remarque à propos du troisième Temple :

Si on trace le troisième Temple comme je vous l'ai montré vous trouverez comme centre la ville de BURE !

Vers une explication Luni-Solaire du Mont d’Anon

J'ai écrit cette article à l'occasion d'une exposition à Goviller sur le Mont d'Anon

D’abord un premier mot pour encourager les organisateurs de cette exposition sur le Mont d’Anon. Malheureusement je n’y contribue que tardivement. Je suis agréablement surpris de l’engouement pour cette montagne. Passionné de monts et plateaux, je parcours notre Lorraine à toutes les époques de l’année au lever, midi et coucher de l’astre divin. Tandis que d’autres dorment, je prend des notes, consigne inlassablement mes remarques sur l’observation de la nature. De nombreuses découvertes tout à fait inédites sur nos ancêtres les Leuques, la vieille tribu dont nous sommes issue en ont découlé. Et bien entendu, le Mont d’Anon en fait partie. Mais parlons d’abord de ce que dit la vieille dame dans la salle noire sur cette montagne car elle en donne trés rapidement la véritable fonction géographique, solaire et religieuse : elle nous parle des Brandons de Goviller et du parcours qui tourne autour de la montagne. Dans les Statistiques de H. Lepage, à Goviller, nous lisons : «Une cérémonie locale, assez singulière, s’observe à Goviller depuis un temps immémorial : la veille du jour des brandons, à la nuit tombante, les habitants du lieu, munis de flambeaux et de torches, font processionnellement le tour du mont d’Anon. Cette coutume qui se pratique dans quelques autres partie de la France, est empruntée au paganisme. La longueur et la direction de la marche de Goviller la rend plus remarquable que partout ailleurs ».
Sans le savoir, les habitants de ce village perpétuent un rite millénaire hérité d’une tradition solaire de nos ancêtres. Plusieurs remarques sont à noter :
La dame parle de l’hiver et ici, nous avons une date de précisée qui est celle des brandons, hors les bures ou brandons est une fête du retour du printemps, marquée comme la Saint-Jean par un feu de joie. L’allumage en revenait aux jeunes mariés de l’année. On pratiquait alors le « valentinage » ou « dônage » (en Meuse « saudage » selon Jean Vartier). Ce qui signifie qu’elle se situait en Mars et non en Décembre ! Alors qui a raison ? La vieille dame ou Jean Vartier ? En réalité, ils décrivent deux fêtes différentes portant le même nom, l’une dédié au Soleil et l’autre dédiée à la Lune ! Je vais ici être totalement inhabituel et faire participer le lecteur, s’il le souhaite, à prouver la fonction Luni-solaire de la butte en se rendant au pied du mont d’Anon à midi le 21 décembre au solstice d’hiver en se munissant d’un appareil photographique et je l’encourage à en faire de même en Février-Mars à la fête des Brandons. Les Brandons se situent le premier dimanche de Carême. Ce qui nécessite de précisser que le Carême est une fête mobile et que l’on dit que le Carême est bas quand il commence début Février et qu’il est haut quand il ne commence qu’au mois de Mars. Ce ne sera donc pas le même dimanche chaque année ! La Carême étant six semaines avant Pâques. En ce qui concerne le solstice d’hiver, la réponse est certaine : les 21 décembre à midi, le soleil est perpendiculaire au Mont d’Anon. Hors, si le soleil est perpendiculaire au Mont d’Anon, la Lune le sera aussi à une autre période de l’année qu’il « vous reste à découvrir » ! Pour vous aider, je donne la solution de cette année : Pâques était un 23 Avril, six semaines avant, la Carême était un 12 Mars, et donc la fête des Rogations, le premier dimanche suivant qui était un 19 Mars, et que trouvons-nous le lendemain ? Et bien le jour de l’équinoxe de printemps ! Qu’elle était la Lune ce jour là ? C’était une pleine Lune ! La fête des Brandons annonce bien le printemps d’où le trés grand intérêt de nos Anciens d’observer le Lune de ce jour-là ! Si la Lune se trouve à la perpendiculaire du Mont d’Anon, alors c’est l’annonce de l’arrivée prochaine de l’équinoxe de printemps ! Mais quand sera-t-il l’année prochaine ? Le premier dimanche de Carême sera le 11 Mars, et aucune Lunaison à observer ce jour-là ! La plus proche du printemps sera un quartier de Lune montante le 16 et l’équinoxe arrivera le 20, si la théorie se révèle exacte, la Lune devra être à la perpendiculaire du Mont d’Anon le 16 Mars 2001 à son méridien pour un observateur étant au pied de la butte ! Rajoutons que 2001 sera un Carême Haut ! Mais est-il nécessaire d’attendre jusqu’en Mars 2001 pour vérifier cette théorie ? Et bien non, car il y a deux équinoxes ! L’équinoxes d’automne devrait nous permettre le même genre d’observation : la Lune devrait être perpendiculaire au Mont d’Anon le 21 Septembre 2000 à son méridien (zénith), jour de la Saint Mathieu, le 22 étant l’équinoxe ! Et pour l’année 2001, ce sera un 17 Septembre, l’équinoxe tombant un 22. Alors vite, tous à vos lunettes, à vos télescopes pour ceux qui ont la chance d’en posséder un et aux autres à une belle promenade nocturne.
Il est à n’en pas douter que la butte du Mont d’Anon était un antique observatoire astronomique Leuque. La découverte de cette fonctionnalité est majeure mais n’est pas un cas unique. On peut même parler, en Lorraine, et très certainement « ailleurs », d’une association de buttes servant d’observatoire astronomiques en pleine air mais aussi de « bornage de territoire ». Car en effet, il y a une association triangulaire de buttes par le Pain de Sucre (Mont Teu), le Mont Saint-Michel, et la butte de Mousson. Le Pain de Sucre est le levant des équinoxes, le Mont Saint-Michel en est le couchant, la butte de Mousson indique le zénith au solstice d’été (toujours pour quelqu’un situé au pied) mais aussi le levant du solstice d’été pour les gens de Mousson. Il était logique de trouver un triangle inversé pour le zénith du soleil au solstice d’hiver et c’est ainsi que j’ai découvert la butte du Mont d’Anon sans en connaître l’existence, en décembre 1999.

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